France-URSS

J’ai été invité en septembre 1987, parmi une délégation de 350 personnalités politiques, religieuses, de l’économie, du syndicalisme, de la presse, des arts, à participer à un voyage de travail et d’étude à Moscou. L’origine de cette invitation reste encore aujourd’hui pour moi une énigme. 

L’objectif des organisateurs avec l’association France-URSS était de faire découvrir la perestroïka à ce panel de Français par une série de rencontres avec des hauts responsables et aussi avec des citoyens. 

Une rencontre avec le président était espérée, mais il avait disparu de la circulation depuis plusieurs semaines et les médias en étaient comme nous réduits aux rumeurs. La plus insistante était qu’il avait échappé à un empoisonnement et qu’il récupérait. 

Nous eûmes le privilège d’assister à la réapparition de Mikhaïl Gorbatchev. 

La tribune était parfaitement soviétique, avec ses personnalités plus ou moins obscures pour nous, mais dont les décorations témoignaient de l’importance. L’une d’entre elles sortait cependant de l’anonymat : la première cosmonaute Valentina Terechkova. Quelle beauté et quelle prestance ! 

Après un discours-programme, il donna la possibilité à notre délégation, reçue au Kremlin, de dialoguer librement avec lui. Après un évêque, Monseigneur Rosier qui lui souhaita sa fête – c’était le jour de la Saint Michel –, je pus lui poser la question suivante : 

Monsieur Gorbatchev, dans les décennies passées, l’influence de l’URSS sur les « pays frères » a été considérable. Comment voyez-vous s’exercer sur eux l’influence de la perestroïka ? 

La réponse fut donnée dans les deux ans et vous la connaissez. 

Ma question eut le don d’irriter mes voisins communistes qui la trouvèrent iconoclaste. Ils me le dirent énergiquement. Pourtant, j’eus la surprise d’être en photographie de la une de l’édition du lendemain du journal des syndicats, ТРУД (Troud), en face-à-face avec mon illustre interlocuteur. De retour en France, je fis plusieurs conférences dans le département pour dire la confiance que m’inspirait ce personnage dont la présence aux autres pouvait parfaitement servir d’illustration au mot charisme.