Nous avions décidé avec Suzette d’avoir notre premier enfant, là-bas, en Tunisie, ayant pris confiance dans le pays et il faut bien le dire, confiance en nous, aussi. 

Je passe sur le faire part quelque peu déplacé que j’avais « pondu » pour annoncer que nos efforts répétés pour aboutir à la conception avaient finalement abouti. 

Il devait naître en début d’année, mais pour Noël 1970, il donna les premiers signes alors que nous étions au cinéma, en plein visionnage de Borsalino. Nous avons quitté au milieu du film et sommes rentrés à l’appartement, mais rien ne s’est finalement produit. 

À peu près au même moment, nous avons été invités à une fête chez nos propriétaires juifs. Je me rappelle que Suzette avait un ventre énorme. Elle portait une robe en vichy bleu clair. Nous avons dansé à perdre haleine. Elle était terriblement belle.  
le 7 janvier, nous passions la soirée chez des amis coopérants, les Giraud, lorsque Suzette fut prise de contractions. Nous sommes rentrés précipitamment à la maison où elle a perdu les eaux. 

En quelques minutes nous nous sommes retrouvés à la clinique, car nous disposions d’une voiture généreusement offerte par les parents de Suzette au cours des congés scolaires de 1970. 

J’avais fait la préparation à l’accouchement avec Suzette, mais je n’étais pas accepté dans la salle de travail. J’attendais assis sur un tabouret dans le couloir. Lorsque j’entendis des « ouins », « ouins », dans deux tonalités différentes. Pendant 10 minutes j’ai pensé que nous avions des jumeaux.   

Pour les vacances de pâques 1971, nous nous sommes rendus à Djerba où nous avons alterné farniente, biberons et tourisme dans les environs.  

Nous avons fait nos premiers pas de parents pendant six mois avant de rentrer en France en juin 1971, avec un enfant et une malle contenant la totalité de ce que nous possédions.