La révolution du sacré, incursions dans l’humanité du Christ

« La révolution du sacré, incursion dans l’humanité du Christ » est un texte qui date de 2021 dont je reprends la préface au moment où, en 2024, je ressens le besoin de partager son contenu. 

Plusieurs événements sont à son origine. Le premier est la découverte dans mes archives de deux carnets d’écolier à spirale dans lesquels j’avais noté les cours de catéchismes lorsque j’avais respectivement 11 ans et 13 ans. Leur contenu passé au crible de la raison d’un homme de plus de 75 ans est très riche d’enseignements. La seconde est l’intérêt que j’ai porté à la christologie au contact d’ouvrages de théologiens de la libération. Ils donnaient une vision résolument différente du Christ ; un Christ libérateur, plutôt qu’un Dieu auquel on doit se soumettre pour tout en attendre. La troisième est une méditation sur le passage de Jésus en Christ et plus généralement sur la démarche de sacralisation. Dans le regard qui sacralise, il y a une présupposition de même nature que l’audition de la note d’une sonate de Chopin jouée par Sokolof, avant même que son doigt ne touche le clavier.

Christian Bobin en relate l’expérience dans « Pierre ». Le moment où la foi prend naissance est ce temps de quelques centaines de millisecondes pendant lequel l’esprit se manifeste. Le signe qui figure ce temps est le tiret qui relie Jésus à Christ pour faire de l’homme un Dieu ou « le fils de l’Homme ». Ce tiret est la représentation symbolique et fonctionnelle de l’Esprit. Ce tiret est aussi la représentation symbolique et fonctionnelle de la transformation par Marcel Duchamp de « fontaine, n°345 » en œuvre d’art. Je pourrais l’écrire : « Fontaine 345-œuvre d’Art ». La quatrième, enfin, est que j’ai pu transformer des vers de Jean-de-la-Croix en remplaçant Dieu par Homme. Homme comme espèce dont l’accomplissement est préfiguré dans cette forme poétique porteuse de Connaissance.

Le sacré peut se décliner sans le mot Dieu, mais avec le mot Vie qui inclut tout ce qui est, y compris l’inerte dont la vie est issue. Dans l’enchaînement des causes et des absences de causes, il y a la place pour Dieu, mais il n’y a pas la place pour la moindre soumission, pour le moindre dogme en dehors du respect de ce dont nous sommes issus. Sacraliser la Vie constitue un acte cognitif. 

Tête du Christ, Rembrandt.