L’école Saint Joseph à Marboz

À mon entrée en primaire, je savais lire. 

Je découvris un autre monde en passant des sœurs Saint Charles aux Frères des Écoles Chrétiennes. 

D’un monde de femmes dans lequel sœur Sainte Blandine était la douceur même et la directrice la rudesse, je passais à un monde d’hommes dans lequel le frère Closel, le directeur, était d’une très grande sévérité, voir brutalité tandis que le frère Berthelot était la bonhomie même. Le premier frappait avec sa règle carrée en bois qu’il lui arrivait de casser sur les oreilles. Son autre pratique consistait à saisir l’oreille entre le pouce et l’index et à mettre l’ensemble en rotation jusqu’à ce que la douleur conduise l’enfant à se mettre debout. Quelques fois les lois de la physique s’imposaient et la force de traction du maître pendant cette sustentation dépassait la limite élastique de l’attache de l’oreille. Elle se décollait de la boîte crânienne. L’enfant portait une croûte pendant quelques jours et il ne serait pas venu à l’idée des parents de s’en plaindre car pour eux leur fils était entre de bonnes mains !

En passant de la maternelle au primaire, je suis passé d’un enfant sage à un enfant docile. 

C’était l’âge des jeux de billes, des genoux couronnés, de l’insouciance. 

Cette école a formé quelques années avant moi une personnalité compagnon de route d’Ivan Illich.

Le regard convainquant du frère Closel.

Le frère Berthelot.