Mes oncles et tantes côté maternel
Quatre d’entre eux étaient les demi-frères. Maman fut la quatrième du nouveau lit. C’est indéniablement avec Edith la dernière fille de la fratrie que j’ai eu le plus de relations, car elle était encore à la ferme lorsque j’étais en âge d’y passer des moments que ce soit seul ou en compagnie de ma maman. C’est elle qui relate le fait qu’un jour, alors que je n’avais qu’un an, elle m’avait pris par la main pour me conduire à la soue dans laquelle une truie avait mis bas depuis peu. Je lui avais dit « oh ils ont de magnifiques yeux noirs ». C’est elle qui a documenté ma photo faite chez le photographe lorsque j’étais bébé.
J’ai aussi vécu avec elle ce moment où, alors que je l’accompagnais pour quérir le troupeau au pré pour la traite, le taureau s’était planté à l’entrée du pâturage et empêchait les vaches de sortir. Il était impressionnant par sa masse, ses attributs, sa tête carrée et frisée et à certains moments ses comportements. Le chien en vint à bout en lui mordant les tendons, ce qu’il contestait par de profonds mugissements. Il se nommait « Tino » à cause de sa belle voix !
Fleurine, alias Édith était indéniablement jeune et belle. Elle m’avait aussi éclairé sur l’intrépidité possible des femmes. Elle avait été la seule alors qu’elle n’avait que 16 ans, à prendre les airs lors d’un meeting aérien (c’est un grand mot) à Marboz notre village.
En ce qui concerne mes oncles, j’ai le souvenir de ce dimanche après-midi vers 1955. Je n’étais pas encore rentré en sixième. Nous avions participé au repas dominical et c’était le moment de la pause de 4 heures. Elle était impérative, entre le second plat principal et les desserts, pour permettre à ceux qui en avaient la charge de procéder à la traite des vaches. Nous étions au Tremblay, sur le trottoir à l’est du bâtiment de ferme, côté route nationale. Un des oncles remontait de la cave dont l’escalier prenait pied en bordure de la bâtisse. Après un échange des participants à propos de la bouteille de Noah qu’ils allaient partager, l’un de mes oncles me fit rentrer dans la boucle en me demandant : « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? ».
Je répondis : « être ingénieur ».
À vrai dire, je ne savais pas bien de quoi il s’agissait. Je m’étais mis cette idée en tête à la suite de la visite professionnelle à mon père d’un homme ayant cette qualité.
Mon oncle poursuivi « tu veux être ingénieur des travaux finis ! ». Il exprimait le peu de cas qu’ils faisaient des personnes éduquées dont la vie fantasmée pouvait lui apparaître bien facile par rapport à la sienne et celle ses frères.
La fratrie, mes 13 oncles et tantes avec en médaillon ma maman.