Vues sur le massif du Coiron
À la sortie de l’hiver, Rosa chinensis 'Sanguinea' le rosier de Chine rouge, explose en avant plan du massif du Coiron qu’un édredon d’ouate vient gentiment couvrir avant que les lueurs roses de l’aube ne laissent la place aux rayons du soleil qui prendront le relais.
La centrale nucléaire de Cruas se trouve dans la vallée du Rhône juste derrière le massif du Coiron pour nous qui sommes à Mercuer. J’ai saisi un jour cette image terrifiante de la centrale qui joue à la bombe atomique.
L’ubac de la petite vallée dans laquelle coule le Mercouare contient la faible nuée qui pénètre la forêt de pins tandis que venant de l’est le ciel hésite entre la clarté et la colère.
La trouée par laquelle les rayons du soleil se répandent sur les contreforts du Coiron, vers le col de L’Escrinet donne au bas du tableau une composition que ne renierait pas Pierre Bocompain. Quand à ce qui la borde, le bas inquiète par sa densité apparente. Ce boudin blanc va-t-il descendre en roulant jusqu’à l’Ardèche en écrasant tout sur son passage ?
La nature joue quelques fois les peintres avec une modernité désarmante. Cette vue sur le Coiron en camaïeu semble sortie d’une démarche syncrétique convoquant Turner, de Staël, un peintre traditionnel chinois, Rotko. Quelques fois par an, ce qui se passe aux confins du Coiron qui est descendant et ce qui se passe aux abords de notre adret qui est montant se rejoint pour produire cette continuité dans la moiteur. Sa réitération dans les tons gris laisse penser que la nature sait aussi faire du Andy Warhol. Je serais attentif à une troisième variante.