L’école Saint Charles
Je suis allé à l’école à 2 ans, l’âge auquel maman qui me donnait le sein m’a sevré malgré mes protestations : « pourquoi maman, c’est trop bon » lui disais-je.
On comprendra le rôle important de mon institutrice, sœur Sainte Blandine, dans mon cheminement vers la vie adulte tant sur le plan des apprentissages que sur le plan affectif à la lecture de la lettre que je lui ai adressée alors qu’elle avait 97 ans. Nous avons partagé un déjeuner quelques semaines après.
Ma sœur,
Je m’adresse à vous comme l’une des dernières fois où l’occasion m’a été donnée de le faire, c’est-à-dire comme il y a environ 60 ans.
Né à Marboz, vous avez en effet été mon institutrice à la maternelle de l’école Saint Charles.
Après une carrière professionnelle d’entrepreneur bien remplie, je consacre une partie de mon temps à écrire.
Mon dernier livre m’a conduit à renouer le contact avec Mijo Pochon, la nièce de sœur Saint Henri, laquelle lui a indiqué que vous étiez retirée à la maison Saint Charles.
Parmi les livres en chantier, l’un porte sur mes souvenirs d’enfance à Marboz, dans l’esprit de la nécessaire transmission à mes petits enfants (ils sont 9) et vous y avez une place, tant vous êtes restée présente dans ma mémoire.
Votre gentillesse et votre douceur ont suscité chez moi à l’époque des sentiments d’affection qui ne se sont jamais démentis. Si la charpie et la découpe de formes à l’aide d’une épingle ont formé mon habileté manuelle, le don de relation qui émanait de vous a certainement été très important, à côté de l’amour de mes parents, pour découvrir le monde sous un jour positif.
Il va de soi que je serais très heureux de venir à votre rencontre, si vous le voulez bien, au moment qui vous conviendra.
Ma sœur, je vous prie de recevoir l’expression de toute mon affection.
Jean-Claude.
En contrepoint de cette personnalité, je dois mentionner celle de la directrice Sœur Saint Henri. J’étais l’enfant de Claire qu’elle aurait aimé voir prendre l’habit de Clarisse. Maman ne fut aspirante que quelques semaines à Lyon. Elle m’a relaté, entre autres que l’usage des toilettes y était limité à une fois par jour car « après, cela touchait à la concupiscence ». À son renoncement, Sœur Saint Henri lui déclarât que : « le malheur s’abattrait sur sa famille ».
Sœur Sainte Blandine, à droite à retrouver une sœur originaire de Marboz à la maison de retraite.