Pierre Legrand
En 1973, Pierre Legrand le directeur général m’avait confié à 27 ans, la responsabilité de créer un groupe de créativité dans l’entreprise. Il s’agissait d’une action transversale hors hiérarchie.
Il me demanda de prendre contact avec un membre de la direction scientifique du groupe Thomson, Lucien Gérardin, qui avait écrit un livre sur une méthode de créativité alors nommée bionique et que l’on appelle aujourd’hui biomimétisme.
Il m’avait trouvé bien jeune et ne portant probablement pas assez de cheveux blancs pour être légitime dans cette nouvelle charge.
Ce n’était pas la seule adversité, car le directeur général adjoint, Olivier de … Avait de son côté considéré que je n’avais pas le standing. Je roulais en GS d’occasion, à la mesure ce que je considérais comme mes capacités financières et de ce qu’il appelait mon standing.
La rencontre avec Lucien Gérardin se termina par une intention qui se concrétisa quelques temps après de réaliser une séance dans laquelle il serait le client.
Elle eut lieu à Saint-Restitut, dans la belle maison de campagne de Pierre et Colette et plus précisément dans la grande, très grande pièce voûtée du rez-de-chaussée.
Le sujet était assez général et assez large compte tenu de la multiplicité des activités du groupe de 125000 personnes.
Avec le recul, la production fut mémorable, au moins par les deux avancées dont je me rappelle.
La première portait sur la collecte à distance des informations de consommation pour la distribution d’électricité. C’était vers 1974-1975. Le compteur Linki était déjà préfiguré.
La seconde portait sur la possibilité de réaliser des affichages auxquels auraient été ajoutés une diffusion d’odeurs. Ce n’était pas limité aux parfums puisque nous avions envisagé des affichages pour le compte des adversaires doublés de l’émission d’une odeur de fumier.
C’était une manière d’échapper aux plaintes pour diffamation tout en disant olfactivement ce que l’on pensait du candidat.
Derrière cette séance de rigolade se profilait toutes les possibilités envisagées pour le marketing olfactif.
J’ai créé quelques années après la société OSMOOZE qui a fait long feu. Mais deux décennies après, je ne le regrette pas car diffuser des molécules, mêmes d’origines naturelles dans l’air que l’on respire me semble une ineptie. Je pense que dans quelques dizaines d’années, nos descendants seront horrifiés par ces pratiques, tout comme nous le sommes de l’usage fait du mercure en cosmétique au 17ème siècle. Le vif-argent donnait accès à la pâleur du teint.
Je dois donc beaucoup à ce dirigeant pour qui, en 2010, j’ai rédigé un mémoire sur le sujet des garnitures d’étanchéité dynamiques dans lequel j’ai fait figurer des données dont il n’avait probablement pas eu connaissance à l’époque.
Ce livret, dont la préface est en ligne, constitua une offrande au moment où le 13 décembre 2010, Madame Anne Lauvergon dont il était un admirateur lui remis la médaille de la légion d’honneur.
Lorsque tout juste à la retraite, il créa un cabinet de conseil, je lui ai conçu son logo d’entreprise.
Pierre Legrand avec Colette.
Préface du livret Matériaux de frottements.