Habitat et Humanisme
Après la cession de la société IMAJE que j’avais quittée en 1993, Suzette et moi avions décidé de consacrer un peu de notre temps (récemment libéré) et de nos ressources (récemment augmentées) à une activité sociale.
Nous étions membres d’un groupe du Mouvement des Cadres Chrétiens et nous nous retrouvions chaque mois pour une soirée avec 4 ou 5 autres couples, ou personnes seules.
En septembre de chaque année, nous participions à un rassemblement départemental avec les autres groupes du secteur géographique. En 1995 le thème choisi était le logement social. La réunion avait lieu à la maison familiale rurale de Châteauneuf-sur-Isère. Une association laïque de Grenoble : « Un toit pour tous » était invitée à nous faire part de leurs motivations et de leur expérience.
La présentation fut convaincante.
Il n’y avait pas de doute, notre projet social serait dans le logement.
En février 2006, une fête fut organisée à mon insu pour mes 50 ans.
Très honoré par le privilège de siéger sur un trône en carton d’emballage, c’est muni d’un spectre qui ressemblait étrangement à un balai que je reçus les compliments de l’assemblée. Étienne de Quillac était le porte-parole du groupe d’amis. Il me remit 3250 francs et termina son propos en disant : « Jean-Claude tu nous a dit que tu voulais le faire, alors maintenant fais-le ».
Il parlait bien sûr du projet social qui était devenu un projet dans le logement.
À cette époque, Didier Baillaud avait été éjecté délictueusement de l’entreprise qu’il avait cédée. Il avait perdu tous ses droits sociaux car lui et Anne-Marie son épouse étaient dirigeants. Il aurait dû rester plusieurs mois comme salarié employé par l’acquéreur et ainsi aller jusqu’à la retraite.
Je l’avais alors recruté dans la petite structure créée après la cession de IMAJE avec comme mission de prendre en charge le projet d’immobilier social, au moins jusqu’à la récupération de ses droits comme salarié.
Une fille de Didier était infirmière à l’hôpital Leon Bérard à Lyon. Elle parla à Didier du père Bernard Devert, un ancien cadre dans l’immobilier qui était devenu prêtre et avait fondé une association dédiée au logement social : Habitat et Humanisme.
Nous décidons de le rencontrer avec cette idée formatée par les pratiques immédiatement antérieures : proposer une association.
Nous lui exposons qu’HH pourrait rentrer au capital de l’entreprise que nous entendions créer dans la Drôme et qu’en échange, il pourrait nous transférer sa technologie. C’est-à-dire, nous apprendre le métier.
Bernard fut très à l’écoute et ne nous cachât pas que l’apport de capitaux ne serait pas quelque chose de facile.
Il nous apprit qu’une association existait déjà dans la Drome et qu’elle disposait de son premier logement.
De retour, sur l’autoroute, Didier et moi fîmes la constatation que nous avions été extrêmement légers en osant faire notre proposition et que la première manière d’entrer en relation avec Bernard devait prendre un autre tour. Nous devions nous mettre à sa disposition pour poursuivre le projet tel qu’il l’avait initié.
Nous allions adhérer à l’association locale, massivement, tous les amis qui avaient cotisé pour mon anniversaire, et avec le don qu’ils m’avaient fait.
Ce fut le début d’un engagement comme président qui dura 9 ans, soit trois mandats, le maximum autorisé par les statuts.
Il faut bien le dire, lancer cette association et l’étendre à l’Ardèche fut aussi un travail d’artiste. Faire travailler ensemble des bénévoles, souvent déjà formatés par leurs expériences diverses n’est pas un exercice ordinaire. Le faire selon un mode d’organisation extrapolé de celui que j’avais construit et validé dans la start-up industrielle IMAJE ne l’était pas moins.
Ce fut d’ailleurs tout aussi motivant et gratifiant.
Habitat et Humanisme avait aussi le profil d’une PME multinationale (multi-départementale ou régionale). En effet, partie de Lyon, elle s’est largement développée partout en France et les années 90 ont été des années de forte expansion. On imagine les enjeux organisationnels et structuraux qui peuvent se présenter. Pendant deux années, j’ai animé un groupe réunissant quelques adhérents ayant une expérience d’entreprise pour un projet nommé POM.
Pour illustrer cette expérience, on trouve en lien : ma lettre aux premiers adhérents et mon discours lors de la dernière assemblée générale de mon troisième mandat.
Par ailleurs, pour rejoindre Habitat et Humanisme.
En 2003, nous avions organisé une conférence avec Bernard Devert à La Blachère Chez les sœurs de Saint-Joseph.
Un PowerPoint avait été préparé par nos soins pour présenter l’association. En montrant ce qu’elle avait accompli au cours des 7 années d’existence, nous pensions intéresser de futurs bénévoles et de futurs donateurs.
Bernard était parti le matin aux aurores pour Nice en voiture pour un projet important. Il était accompagné d’un bénévole partageant le volant.
Ils furent de passage à Lablachère vers 22 heures. Il clôtura la réunion que j’avais auparavant assumée. Il reparti vers Lyon après que nous avons partagé un repas arrosé d’un excellent petit vin offert par les sœurs nos hôtes.
Cela dit un peu de nous et beaucoup de Bernard.
En 2002, j’avais pris l’animation d’un petit groupe de personnes membres du mouvement pour mettre à plat l’organisation d’une structure qui grossissait « à vue d’œil » et dont les problématiques s’apparentaient à celles de IMAJE que j’avais piloté quelques années avant.
Les quelques premières parties du rapport donnent une vision claire du mouvement.